A propos de Gabriel Léona
Léona Gabriel naît en 1891 à Rivière-Pilote en Martinique. Fille d'une famille aisée, Léona est bercée par les chants des travailleurs de la plantation de son père (un blanc créole), qu'ils lançaient pour se donner du courage au labeur.
A 10 ans elle perd son père, qui meurt accidentellement lors d'une partie de pêche ; sa mère décède de chagrin et de maladie quelques temps plus tard. A 14 ans, la jeune Léona embarque pour la Guyane avec sa tante et ses frères et sœurs, où elle passera toute son enfance. Devenue jeune femme, elle occupe un poste de secrétaire au Panama, avant de regagner la Martinique. De retour sur son île, elle séduit par sa voix et son charme le public martiniquais.
Elle chante sa Martinique, celle de Saint-Pierre qui renaît de ses cendres après l'irruption volcanique de 1902. Léona compose également de nouvelles biguines et mazurkas, qui deviendront de grands classiques du répertoire traditionnel : « vini wè kouli-a », « maladie d'amour », chanson reprise par son neveu Henri Salvador quelques années plus tard.
Léona Gabriel part pour Paris vers 1920. Elle y rencontre son futur mari, Dany Derff, un talentueux musicien russe qui arrange les mélodies qu'elle compose, et qui prend en main sa carrière. Léona Gabriel fréquente le milieu artistique parisien, et côtoie Edith Piaf, Henri Liméry, etc.
Séparée quelques années plus tard, elle se rapproche des musiciens antillais, et devient la chanteuse attitrée de l'orchestre de Stellio, avec qui elle parcourt la France. Elle se remarie en 1935 avec M. Soïme, un médecin militaire, qu'elle suit en mission au Sénégal durant 2 ans.
La guerre l'oblige à marquer une trêve dans sa carrière de chanteuse. En 1948, Léona repart en Martinique. Très sollicitée, elle donne de nombreux récitals en Martinique et en Guadeloupe, anime l'émission de radio « Ça c'est la Martinique » aux côtés de grands musiciens tels que le tromboniste Archange St-Hilaire ou Hurard Coppet. En 1966, elle édite sous le même intitulé un recueil de chansons créoles qui regroupe les œuvres principales du folklore martiniquais d'avant 1902, date de destruction de Saint-Pierre.
Léona Gabriel a enregistré de nombreux disques aux côtés de grands musiciens de son époque : Stellio, Hurard Coppet, Archange St-Hilaire etc.
Elle nous quitte en 1971, nous laissant héritiers d'une grande œuvre, véritable témoignage d'une époque, des chansons créoles devenues nos grands classiques.
Source : Sully Cally, Le grand livre des musiciens créoles , Tome 1, Collection patrimoine.
Autre source : Aude Bagoe, un siècle de musiciens et de musiques traditionnelles aux Antilles-Guyane
Autre source : Jean-Pierre MEUNIER, © Médiathèque Caraïbe / Conseil Général de Guadeloupe , 2005