A propos de Moune de Rivel
Cette grande dame de la chanson Créole est née à Bordeaux le 7 janvier 1918, fille de Henri Jean-Louis Baghio'o de et de Fernande De Virel professeur de musique, issue du conservatoire de Paris en 1902, avec en mains un premier prix de violon et un deuxième prix de piano, donne à Cécile sa fille encore enfant, une bonne éducation musicale.
La petite fille évolue au sein de la maison familiale dans une ambiance musicale, lieu de rencontre des grands musiciens antillais de l'époque tels : Stellio, Léardée, Collat, Saint-Hilaire, Marie-Madeleine Carbet etc... c'est cette dernière véritable ambassadrice de la culture musicale traditionnelle des Antilles-Guyane qui a ouvert le cœur de Moune à la musique créole authentique. Moune lui voue d'ailleurs une profonde admiration et un très grand respect. Elle met en place les chansons de son répertoire, accompagnée au piano par Fernande De Virel, la petite Moune apprécie et admire cette grande dame de la chanson antillaise, elle chante à voix basse en même temps que Léona.
A l'âge de onze ans, Moune fait ses débuts dans la chanson, elle prend donc le relais de sa grand-mère maternelle, Marie De Virel. Maman Fernande compose deux chansons afin de stimuler sa fille " Mamzelle Ka Ou Ti Ni " et " Chocolat a la Doumite ". C'est à l'age de quinze ans et accompagnée par sa maman au piano qu'elle donne son premier récital au cabaret de la "Boule Blanche" à Paris. Guitariste, pianiste, Chanteuse, peintre et comédienne, Moune excelle en tout.
A la fin des années trente, elle chante au "Cabaret des Fleurs", dans le quartier de Montparnasse. Elle chante aussi à la "Tomate" rue Notre Dame de Lorette. Paris est en pleine occupation ! Un peu avant la fin de la guerre " 1935 - 1945 ", on la retrouve en vedette à l'ouverture du nouveau cabaret du nom de la "Canne à Sucre". Les propriétaires ne sont autres que Loulette et Jacques Magnien qui avaient découvert l'artiste à la "Tomate". Moune y chante accompagnée par l'orchestre du trompettiste et guitariste Pierre Louis avec Roland Paterne à la guitare, Christian Jean-Romain à la batterie et Robert Roch à la contrebasse. Elle interprète avec maestria quelques compositions de sa maman et des airs du patrimoine musical antillais.
Appréciée par un militaire américain venu à la "Canne à Sucre" Moune fut engagée pour deux mois au célèbre café "Society" de New York. Ce militaire était un agent artistique de la compagnie de disques " Victor ". Elle est considérée par les New-Yorkais comme celle qui reflète par son charme créole la Louisiane. Son séjour américain s'étend sur deux années, durant ce laps de temps, non seulement elle participe au tournage du film " Night-Club Club Room" mais elle épouse le pianiste de Jazz américain Ellis Larkins.
Revenu pour très peu de temps à Paris, elle participe à une séance d'enregistrement avec l'orchestre de Denis Ancédy clarinettiste de talent.
Le départ de Moune de Rivel de la "Canne à Sucre" donne l'occasion à Jenny Alpha d'effectuer sa rentrée dans ce haut lieu de la musique traditionnelle Antillo-Guyanaise. Dès son retour définitif à Paris, Moune reprend ses animations à la "Canne à Sucre" puis elle passe en vedette dans une soirée de gala organisée par le "Hot-Club Colonial", "Chez Max" dancing du bord de Marne. On la retrouve dans toutes les grandes manifestations antillaises, accompagnée par les plus grands musiciens du moment, tels : Albert Lirvat, Robert Mavounzy, Silvio Siobud et de nombreux autres.
Elle effectue avec brio une grande tournée en Europe (Milan, Berlin, Stockholm, Helsinki, etc). Les activités de cette grande artiste se multiplient, la télévision française diffuse sa "Rapsodie Antilles" interprétée par l'orchestre de Michel Stern. Quant à Vera Kirlova, elle fut inspirée par sa biguine "Noir et Blanc", la conduisant à la création d'un ballet au "Palais de Chaillot", de plus, son "Noël des Iles", les petits chanteurs à la croix de bois l'enregistre, donnant ainsi à leur répertoire une couleur exotique de même que sa "Berceuse Créole".
Pour l'accession à l'indépendance du Burkina Faso, les dirigeants de cette nouvelle république d'Afrique sollicitent Moune De Rivel afin de leur composer l'Hymne de la Liberté retrouvée. La grande artiste animatrice de radio, comédienne, se fait remarquer au cinéma dans les films comme : "l'Atlantide" - "La Belle et le Truand" - "Popsy Pop" - "Aux Yeux du Souvenir" - "Meurtre en Sourdine" - "l'Ecume des Jours" - "Paul et Virginie" - "Trois Femmes" - "Mont-Cinère" etc.
En 1983, la télévision Scandinave, lui consacre un programme intitulé : "Ne joue pas avec la tristesse". Quelques unes de ses œuvres furent publiées aux éditions Salvet, Camia & Breton, Chez Micro, Présence Africaine publie aussi ses contes "Kiroa".
Moune De Rivel s'enrichit d'une longue discographie enregistrée chez "Pathé Marconi" "RCA" "Ducret & Thompson" "Chamts du Monde et VanStory". Elle a travaillé avec les musiciens : Ti Marcel Louis-Joseph - Georges-Edouard Nourel - Jean-Pierre Ismaël - Clément Légitimus.Chaque année cet ensemble participe au " Rendez-vous de L'Erdre ", un nouvel album de Moune a été enregistré par ces mêmes musiciens à l'été 2000.
Elle reconnait volontiers : "mon role, c'est de conserver le folklore" cette grande dame de la chanson traditionnelle créole défend depuis 60 ans le patrimoine musical des Antilles. 1994 "Rencontre de la Chanson Créole d'Hier et d'Aujourd'hui".
Elle apprécie également le zouk, qui distille une version moderne du folklore antillais, "le zouk, c'est l'évolution de la musique créole".
En dehors de nombreux galas, elle a dirigé le premier conservatoire de musique traditionnelle antillaise, "MIZIK EN NOU" crée en Septembre 1995, rue Ede La Jonquière à Paris.
Quel beau parcours qu'est celui de Cécile Jean-Louis alias Moune De Rivel. On comprend aisément que sa voix ait envouté ceux qui lui ont décerné de nombreuses distinctions :
DISTINCTIONS HONORIFIQUES
Chevalier de l'ordre National de la Haute Volta.
Chevalier de l'Ordre National du Mérite (1966)
Médaille de la Ville de Paris (1967)
Médaille de la Courtoisie française (1968)
Médaille de la commune de Sainte-Anne
(lieu de naissance de ses parents) (1994)
Officier de l'ordre National du Mérite (1994)
Médaille de la ville de Pointe A Pitre (1996)
Chevalier des arts et des Lettres (1997)
Source : Texte de Philippe Pilotin
Discographie et Filmographie : Wikipédia