A propos de Léopold René
Le 18 octobre 2014, cela faisait 18 ans que le pianiste martiniquais René LEOPOLD nous a quittés.
René LEOPOLD est né à Fort-de-France en Martinique le 21 janvier 1909, d'une famille bourgeoise. Il effectue son cursus scolaire sans difficulté. Après de brillantes études supérieures, il est nommé professeur d'anglais. Parallèlement à ses études, il s'initie à l'étude de la musique et surtout du piano.
En 1932, âgé de 23 ans, ce pianiste fait son apparition dans l'orchestre « Kaukira Boys » que dirige Claude le benjamin des frères MARTIAL. C'est à la suite du décès du frère aîné Tom, chef d'orchestre du « Tommy's Boys » que Claude et Bruno décident de rebaptiser leur orchestre. Pour se refaire, Claude passe du piano au banjo, Maurice NOIRAN est à la clarinette - Sylva MARTIAL à la batterie et Norbert DAVID au cha-cha.
Sollicité par tous les musiciens cubains, haïtiens et antillais francophones, il satisfait tout le monde. En 1935, il participe à l'enregistrement de la « Habanera Martinique » dans l'orchestre de Eugène DELOUVHE avec le guitariste Polo MALAHEL, le batteur Robert MONMARCHE et le bassiste cubain German ARACO. En 1937, toujours dans la formation « DELOUCHE – MALAHEL », nous retrouvons René dans l'enregistrement de la valse « Naomi » où ce pianiste excelle dans une improvisation fulgurante. L'autre interprétation de la même séance est une biguine composée par Polo MALAHEL, intitulée « les deux jumeaux ». Cette interprétation d'une grâce et d'une sensibilité extrême est peut-être le plus beau fleuron de la biguine enregistrée.
Une compréhension totale règne entre les musiciens, tous en état de grâce. Le jeu pianistique de René LEOPOLD s'y adapte parfaitement, riche, fluide, utile et nuancé, d'une mobilité vivifiante dans les basses. Durant le court séjour d’Ernest LEARDEE à la « Canne à Sucre », René LEOPOLD fit parti de son orchestre composé de lui-même au piano, Edmond GERION à la guitare, René, un Métropolitain, à la batterie et Ernest LEARDEE au saxophone.
Ce professeur d'anglais mis en disponibilité à sa demande était un pianiste au jeu riche, utile et nuancé, formé à l'école cubaine, capable d'interpréter avec le même brio du Bach, du Mozart, du Jazz ou la biguine la plus endiablée. Il a toujours su ponctuer ses improvisations d'accords de basses espacés ou les illuminer de suites harmoniques serrées, selon le morceau. Nombreux, ceux qui se sont inspirés de son style. Aujourd'hui encore, c'est un régal de l'entendre dans les œuvres qu’il nous a laissés. Toujours avec Ernest LEARDEE, ayant quitté la « Canne à Sucre » pour la « Boule Blanche » de novembre 1946 à mars 1947, René LEOPOLD accompagne le saxophoniste et flûtiste cubain, Luis FUENTES, avec Paul LUDE à la basse, Henri MARTIAL à la batterie et bien sur le chef d’orchestre LEARDEE au saxophone. Quelques temps après, on le retrouve à « la coupole » dans l'orchestre du musicien guadeloupéen Félix VALVERT. C'est alors qu'il officie dans cette boite de grande réputation que prend fin son congé pour convenance personnelle.
Il reprend donc ses activités au sein de son administration et est remplacé par la pianiste Milo JOCHUM. Ce professeur, musicien talentueux est toujours resté en contact avec ses compatriotes. Il continuait à faire un peu de musique durant ses congés scolaires et certains week-ends. Ce prodigieux musicien d'une grande culture musicale classique a su donner à ceux avec qui il animait les soirées et concerts, le meilleur de lui-même. A la fin de 1948, pour célébrer les fêtes de fin d'années, René LEOPOLD officie dans l'orchestre de Jenny ALPHA qui avait été sollicitée pour animer le plus select établissement de Suisse, « le palace ». Outre Jenny et René LEOPOLD l'orchestre comptait le trompettiste guadeloupéen Abel BEAUREGARD, le batteur guadeloupéen Andrée MATOU et le contrebassiste Mémé CAUSTIN. René LEOPOLD n'a jamais pu s'éloigner du milieu musical.
Cet incontournable et prestigieux musicien décède le 18 octobre 1996 à l’âge de 87 ans.
Source : Texte de Philippe Pilotin