A propos de Stellio (Fructueux) Alexandre
De son vrai nom Alexandre Fructueux, Stellio naît le 16 avril 1885 au lieu dit «Le Flandrin», dans l'actuel quartier de l'Anse Dufour aux Anses d'Arlet en Martinique. Très tôt sa mère décide d'aller habiter à Saint-Pierre, capitale politique, économique et surtout culturelle de l'île.
En 1898, après un séjour de 2 ans à Fort de France, sa mère s'embarque avec ses enfants pour la Guyane et s'installe à Cayenne. Très jeune, Alexandre se prend de passion pour la clarinette et en acquiert une telle maîtrise qu'un de ses voisins, commerçant d'origine italienne le surnomme Stellio ( de « Stella », étoile en italien).
Rapidement, il rejoint des musiciens locaux et ravit l'importante communauté martiniquaise en jouant les airs de Saint-Pierre dans les dancings de Cayenne.
En 1919, de retour en Martinique, il est engagé par le cinéma Gaumont pour accompagner à la clarinette les films muets. Il continue en parallèle son métier de cordonnier, appris en Guyane.
A partir de 1922, il rejoint l'orchestre de Léon Apanon au célèbre dancing «Le Sélect Tango » et compose sa première biguine intitulée « Quand même ».
Il part pour la France en 1929 avec d'autres musiciens dont Ernest Léardée et Archange Saint-Hilaire pour l'ouverture du cabaret « La Boule Blanche ». Il se marie l'année suivante.
En 1931, il anime le pavillon de la Guadeloupe avec un nouvel orchestre, lors de l'Exposition Coloniale et Internationale de Paris et élève la biguine au rang d'institution parisienne.
De 1929 à 1939, il enregistre ainsi 128 faces de disques 78 tours. Ses disques s'arrachent aussi bien en France, qu'aux Antilles ou en Guyane. (A savoir que le premier disque gravé de l'histoire de la musique est à mettre au crédit de Stellio le 16 octobre 1929 chez ODEON : « En sens unique SVP » et « Ah ! Gadé chabine la »).
En 1935, il se produit à l'opéra de Paris à l'occasion du tricentenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France et en présence du Président Albert Lebrun. Ce gala, qui représente la vie antillaise, est salué unanimement par la presse française.
Quelques temps plus tard, Alexandre Stellio est décoré de la médaille de l'Instruction Civique.
Très sollicité, il parcourt alors la France pour animer des bals et des cabarets. En 1938, il effectue une tournée avec son orchestre, à travers l'Algérie et la Tunisie.
De retour à Paris, et toujours très sollicité, il se sent fatigué car souffrant du cœur.
Le 15 avril 1939 alors qu'il joue dans un cabaret parisien, il s'effondre, terrassé par une crise cardiaque.
Il décède le 24 juillet 1939 à l'hôpital de l'Hôtel Dieu, à la suite d'une longue agonie. Ses funérailles à la cathédrale Notre Dame de Paris attire une foule immense. Il sera enterré ensuite au cimetière de Bagneux.
Influencé par le jazz et les airs latino-américains, il est considéré comme un des maîtres de la biguine et l'auteur de nombreuses mazurkas et valses qui ont été repris et sont encore joués aujourd'hui.
Source : Texte de Philippe Pilotin