A propos de Ransay Max
Interprète incontournable de musiques traditionnelles, artiste satirique, humoristique ou romantique, amoureux, provocateur à sa manière et coléreux quelquefois, Max RANSAY (surnommé « OZAKA », « TONTON MAX », « MC MAX », « TI BOURRIQUE », « TI KI TOC ») est né au début de l’année 1942 dans le Nord Caraïbe, plus précisément à Saint-Pierre, belle et célèbre ville d’art et d’histoire connue dans le monde entier, capitale autrefois de la Martinique voire même de la Caraïbe avant l’éruption de la montagne « Pelée » le 8 mai 1902.
L’épopée musicale de Max commence réellement en 1958 (il n’a que 16 ans) lorsqu’il fut remarqué par le chef d’orchestre Joseph AMABLE (surnommé Jo AMABLE) pendant son tour de chant lors d’un concours de chansons créoles (Biguine, mazurka créole et valse créole). Séduit par la prestation de Max, Jo AMABLE proposa donc à ce dernier d’intégrer sa formation musicale comme chanteur.
Il est important de souligner que les fortes prédispositions vocales de Max y sont pour beaucoup. D’ailleurs, celles-ci lui ont permis de remporter bon nombre de concours de chansons auxquels il a eu à participer.
Sa collaboration avec Jo AMABLE lui a permis d’enregistrer son premier disque (il s’agit d’un 45 tours) ayant pour titre « Manzé Anita ». Ce disque a été réalisé avec la complicité du célèbre clarinettiste Hurard COPPET et du talentueux pianiste Nel LANCRY lors d’une prestation live dans une paillote.
Quelques temps plus tard, ce sera au tour du célèbre clarinettiste Honoré COPPET qui n’est autre que le frère d’un autre célèbre musicien martiniquais Barel Coppet de son vrai nom Armand COPPET qui proposa à Max d’être l’interprète des chansons qui sont gravées sur le magnifique du disque « Sous le ciel des Antilles » édité chez le « Hit-Parade » de ROY-LAREINTY. Sur ce 33 tours 30cm, des classiques du folklore antillais seront merveilleusement interprétés par Max RANSAY (Régina, la fête Gondeau, la grève barré mwen, la peau fromage, etc…).
La majeure partie des paroles de ces belles chansons est à mettre au crédit de Léona GRABRIEL (célèbre parolière, chanteuse, animatrice de radio, etc...), originaire de la Martinique.
A son tour, Léon SAINTE-ROSE sollicita Max RANSAY afin qu’il fasse partie de l’orchestre « Los Caraïbes », formation que dirige ce dernier. La collaboration entre les deux hommes dura longtemps et plusieurs disques 33 tours et 45 tours furent enregistrés chez le « Hit-Parade » de ROY-LAREINTRY.
Quand Max chantait sans micro, sa voix à elle seule couvrait l’ensemble des sons des instruments des musiciens qui l’accompagnaient.
En 1970, l’orchestre « Les Léopards de Saint-Pierre » anciennement appelés « Les Watching Brothers » feront appel à ses services. Il sera d’ailleurs le chef d’orchestre de cette formation mythique de la Caraïbe.
Au sein des Léopards, il ne sera pas seulement chanteur. Mécontent du batteur, il officiera lui-même à ce poste cinq années durant, en lieu et place de ce dernier, mais hélas, son double rôle de chanteur et de batteur l’handicapera finalement. Sa façon de jouer aussi de cet instrument vaudra à l’orchestre le surnom de « Ti ki toc » (son émis par l’instrument de musique).
Avec cette merveilleuse formation, il a enregistré plus d’une quarante de disque. Sa collaboration avec le groupe durera jusqu’à sa dissolution.
En compagnie de Jean-Michel CABRIMOL et de Michel THIMON, Max RANSAY mettra sur pied une nouvelle formation « La Maafia ».
Quelques temps après, Max RANSAY quitta « La Maafia » pour se tourner vers le piano-bar. Pour cette occasion, il crée le groupe « Kalikou ».
En 1985, il enregistre « Max RANSAY chante Michel THIMON » ainsi qu’un disque en compagnie de Léon SAINE-ROSE. Il se produira également avec l’orchestre Martinique avec qui il enregistra un 33 tours 30 cm.
En 1987, il sort sur disque, l’un de ses plus grands succès : « La route Chanflô » (chanson qu’il interprétait depuis des années sans l’avoir jamais enregistré auparavant).
En 1992, il crée le groupe « ATOUMO » et sort le titre « Darlagadar ».
En 1995, il sort l’album « Cœur d’un homme ».
En 1998, c’est au tour de l’album « Mont Benit ».
En 2003, il sort l’album « A l’ombre d’un géant ».
Hospitalisé pour y subir une intervention neurochirurgicale à cause d’une tumeur au cerveau, Max RANSAY nous a malheureusement quittés le 25 novembre 2003 à l'Hôpital Pierre ZOBDA-QUITMAN à Fort-de-France dans son pays la Martinique.
Sa dernière formation fût le groupe « ATOUMO » avec lequel il a officié jusqu’à sa mort.
Il a pratiqué la musique en amateur car il a exercé la profession d’instituteur puis celle d’infirmier à l’hôpital psychiatrique de Colson en Martinique.
Max RANSAY était sans doute l’artiste le plus populaire de cette île. Il s’était transformé en une espèce de porte-parole du peuple, un identifiant incontournable pour les « sans-voix » sachant dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas.
Généreux et omniprésent sur les médias, Max gardait pour lui ses secrets, ses amitiés, ses amours. On croyait ne rien ignorer de sa vie publique, qui semblait avoir tout envahie de l’univers qu’il nous proposait…. Il restera pour nous à la fois, un homme au franc parler avec ses colères, un grand passionné de musique et un talentueux chanteur qui nous a légué un patrimoine considérable d’interprétations musicales.
Le dernier concert de Max RANSAY s'était déroulé à l'Atrium et avait fait salle comble.
Source : Texte de Philippe Pilotin